Variations d’un cœur, Janice Pariat. Éditions Nil, 4 avril 2019, 252 pages

Janice Pariat est une poétesse et écrivaine indienne ; Variations d’un cœur est son troisième roman, mais le premier traduit en français (par Sylvie Schneiter). Elle est également l’autrice de deux recueils de poèmes.

Ce roman est d’une puissance incroyable, selon moi. Janice Pariat réussi à sublimer la femme, sans lui donner la voix.

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Crédit photo: @lecoindesmots

 

Ils sont neuf. Neuf à l’avoir aimée. Neuf à l’avoir quittée, pour une raison ou une autre. Elle, on ne connaît même pas son nom. Et pourtant, chaque ligne, chaque mot, chaque signe de ponctuation de ce roman est écrit pour elle. Par amour, gratitude, rancœur ou encore par désolation. Tous ont une raison. De ces neuf personnages se dresse alors le portrait d’une femme avec ses blessures, ses espoirs et ses rêves ; mais également avec ses défauts, ses qualités ou ses joies.

Ce sont les sentiments, qui sont au cœur de ce récit, et plus particulièrement ceux amoureux. Il y a parfois du ressenti, de l’animosité ; néanmoins, on y retrouve surtout une forme de gratitude, de douceur. Ce sont neuf regards qui se tournent vers le passé et qui peignent la relation amoureuse avec ardeur et poésie.

« Vous, cependant, vous avez la beauté de la lumière se réfractant dans du verre. »
« Tu es mon havre où le jugement n’a pas cours. Je suis en sécurité avec toi. »

Plus intéressant encore que ces témoignages d’amour, il y a le rendu final. Neuf témoignages, neuf visions différentes de la femme aimée. Ainsi, Janice Pariat interroge ses lecteurs : connaissons-nous réellement l’autre ? L’intimité est-elle gage de connaissance absolue de l’être aimé ?

De ces neufs portraits se dégage une image fragmentée, incomplète, de cette femme que l’on ne peut qu’imaginer. Sans nom et sans visage, elle devient alors l’allégorie de la Femme, voire de l’Être Humain, dans toute sa beauté et sa complexité.

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