Vanessa et Virginia, Susan Sellers. Éditions Autrement, 1er mai 2019, 296 pages.

 

Deux sœurs inséparables

Dans cette biographie romancée, Susan Sellers – spécialiste de Woolf – raconte la, complexe et néanmoins incroyable, relation entre Virginia Woolf et sa sœur, Vanessa Bell.

C’est au travers des yeux de Vanessa, Ness, que l’on en apprend davantage sur ces deux femmes, modernes sous tant d’aspects.

Inséparables depuis leur enfance, Susan Sellers a choisi de porter au centre de cette biographie la jalousie que les deux sœurs vouent l’une à l’autre. Les succès de l’une faisant à la fois le chagrin et l’admiration de l’autre, inlassablement.

On retrouve, évidemment, plusieurs points communs avec la biographie romancée d’Emmanuelle Favier (« Virginia », Albin Michel, août 2019), néanmoins, l’approche est si différente que le lecteur aura la presque sensation de deux personnes différentes.

Et pourtant, là est peut-être une des clés du mystère qui entoure la personnalité de Virginia Woolf. Tellement perturbée, tourmentée par ses démons, comment pouvait-elle n’avoir qu’une et unique facette ?

Vanessa, quant à elle, se dévoile comme une peintre talentueuse, manquant de confiance en elle. Une femme qui a besoin de plus que ses rôles d’épouse et de mère, pour s’épanouir. Vanessa se bat pour ne pas complètement rentrer dans le moule.

Et puis, Susan Seller raconte, avec tact et sensibilité, les descentes aux enfers de Virginia Woolf. Ces périodes pendant lesquelles se mouvoir est déjà un effort surhumain. Elle sombre, elle disparaît, laissant le champ libre à ses démons.

Ça raconte aussi ce lien indéfectible, entre frère et sœur. Malgré les discordes, Vanessa et Virginia ne se quitteront jamais vraiment. Aime-moi, je te fuis. Fuis-moi, je te suis

 

Pour terminer, je souhaitais partager avec vous la lettre d’adieu de Virginia Woolf pour Leonard Woolf, son mari. Un texte brûlant d’émotion et révélateur de la souffrance de Woolf:

« Mon chéri,

J’ai la certitude que je vais devenir folle à nouveau : je sens que nous ne pourrons pas supporter une nouvelle fois l’une de ces horribles périodes. Et je sens que je ne m’en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et je ne peux pas me concentrer. Alors, je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m’as donné le plus grand bonheur possible. Tu as été pour moi ce que personne d’autre n’aurait pu être. Je ne peux plus lutter davantage, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler. Et tu travailleras, je le sais.

Si quelqu’un avait pu me sauver, cela aurait été toi. Je ne sais plus rien si ce n’est la certitude de ta bonté. Je ne peux pas continuer à gâcher ta vie plus longtemps. Je ne pense pas que deux personnes auraient pu être plus heureuses que nous l’avons été.

Virginia. »

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