Secret de polichinelle, Yonatan Sagiv. Éditions de l’Antilope, 3 octobre 2019, 480 pages.
Bienvenue à Tel-Aviv ! Ambiance et petits meurtres entre amis garantis !
Oded Héfer vient de s’improviser détective privé afin de gagner sa vie. Rapidement, une potentielle cliente passe le pas de son bureau. Elle s’appelle Mira et elle est persuadée que sa sœur, Smadar Tamir – également l’une des femmes d’affaire les plus influentes d’Israël – a été assassinée. L’enquête préliminaire a conclu à un suicide, mais Mira ne l’entend pas de cette oreille-là. C’est donc tout naturellement qu’Oded Héfer accepte de mener l’enquête.
A première vue, le pitch est simple, voire carrément bateau. Franchement, qui n’a jamais lu un roman policier dans lequel un suicide se révèle être un meurtre ? Toi, vraiment ?
Oui, c’est simple. Oui, c’est bateau. Oui, sauf que Yonatan Sagiv maitrise les codes du roman policier à la perfection, qu’il a saupoudré le tout de touches d’humour et qu’il nous propose une plongée dans un Tel-Aviv gay-friendly, libéré, drôle, voire même avant-gardiste. Oded Héfer, notre enquêteur débutant, est un anti-héros, loin des clichés hollywoodiens, et un personnage haut en couleur. Ouvertement homosexuel, il parle également de lui au féminin. Si ce côté un peu barré et complètement loufoque m’a un peu déroutée au départ, j’en ai rapidement pris mon parti, pour mon plus grand plaisir.
La plume est maitrisée à la perfection : Yonatan Sagiv fait preuve d’une grande modernité dans les dialogues, tout en gardant une écriture plus exigeante, pour le reste. Les joutes verbales sont nombreuses et l’ironie et la dérision sont au rendez-vous.
Vous l’aurez compris, Secret de polichinelle est un polar atypique. Néanmoins, l’enquête est bien présente, bien ficelée et le dénouement est amené de façon intelligente, j’ai trouvé. En vous plongeant dedans, vous sortirez de votre zone de confort, j’en suis certaine.
Quant à moi, je suis ravie d’être sortie de la mienne pour découvrir la plume de ce nouvel et talentueux auteur à suivre de près.