Sous les eaux noires, Lori Roy. Éditions JC Lattès / Le Masque, 6 novembre 2019, 320 pages.
Après son divorce, Lane se voit contrainte de retourner vivre chez ses parents avec ses deux filles, Annalee et Talley. Ils habitent au fin fond de la Floride, dans une petite ville de province éclaboussée par un scandale de maltraitance et de jeunes garçons disparus dans une école pour enfants difficiles. Au cœur de ce scandale, le père de Lane.
Rapidement, Susannah, une étudiante disparaît. Quelques jours plus tard, c’est au tour d’Annalee, la fille aînée de Lane, de se volatiliser sans laisser aucune trace. Pour Lane, nul doute que la disparition de sa fille est en lien avec le sordide passé de sa famille. Et si quelqu’un s’était mis en tête de venger les victimes de son père ?
À première vue, le pitch est plutôt simple et je m’attendais donc à quelque chose de bien ficelé, sans pour autant me surprendre. Mais c’était sans compter sur la plume de Lori Roy (et de sa traductrice, Valérie Bourgeois) et la construction de ce roman policier.
Il s’agit d’un roman polyphonique dans lequel s’entremêle les voix de Lane et Talley, ainsi que celle d’Erma (la mère de Lane) et de Daryl, cet homme étrangement lié à toute cette histoire de famille. Lori Roy joue avec les repères temporaux, nous trimballe avant et après les disparitions, au fil des chapitres. Cette multitude de points de vue permet de découvrir l’affaire sous tous les angles, d’en comprendre tous les rouages, une fois le dénouement dévoilé.
Et justement, ce dénouement, on ne s’y attend pas. Il arrive, petit à petit, s’insinue insidieusement à quelques pages de la fin et vient nous sauter à la figure, en une petite phrase. Une toute petite phrase de rien du tout. J’ai cet instant, dans les polars, où le lecteur se retrouve face à la phrase qui change tout, celle qui ne dit pas explicitement, mais qui aiguille et laisse le lecteur pantois un instant.
Lori Roy nous livre un presque huis-clos domestique qui dissèque les liens familiaux et amoureux pour nous montrer que, parfois, il n’y a rien de plus épouvantable que son propre entourage.
C’était ma première rencontre avec Lori Roy et je me fais déjà une joie de découvrir quelques-uns de ses précédents romans. Sous les eaux noires est un bon polar, qui ne vous laissera pas de marbre.