La mère morte, Blandine de Caunes. Éditions Stock, janvier 2020, 220 pages.

 

Dans ce récit incroyablement humain, Blandine de Caunes lève le voile sur l’intimité d’une famille face à la maladie d’Alzheimer. Face à l’accompagnement des personnes en fin de vie. Face à la surcharge physique et psychologique des aidants.

Avec une prose tantôt emprunte d’un amour infini, tantôt d’un ras-le-bol face à une situation inextricable, l’auteure dresse de portrait de sa mère, Benoîte Groult, dans les dernières années de sa vie. Benoîte, cette femme cultivée, intelligente et battante. Difficile de l’imaginer ne sachant même plus comment tenir une fourchette. Et pourtant.

Blandine de Caunes dit la déchéance, le besoin d’être constamment sous surveillance, la grabatisation, la perte. La perte de tout.

L’auteure revient également sur le décès de sa fille, survenu quelques mois, seulement, avant celui de sa mère. L’ordre des choses est chamboulé. Blandine de Caunes se préparait à devenir orpheline… la voilà privée de toute forme de sentiment maternel. Sa mère n’est plus vraiment présente ; sa fille n’est plus.

Alors, puisque chez les Groult, on a toujours écrit, elle pose ses émotions sur le papier et nous livre un témoignage d’une beauté éblouissante. Mais également un témoignage sur la dure réalité de l’accompagnement pour les proches. Ces moments où, c’est trop. Simplement trop. Ces moments où l’on voudrait que tout s’arrête. L’auteure le dit sans fard, simplement. Parce que c’est peut-être aussi ça, l’amour. Dire, vraiment, réellement, lorsque l’on n’en peut plus. Comme le dit si bien Blandine de Caunes pour un entretien au Monde magazine : « le secret de cette famille, c’est justement de ne pas en avoir. »

Au-delà d’un témoignage sur la famille Groult, Blandine de Caunes se fait également la voix de toutes ces familles, ces proches qui, eux aussi, se battent pour que l’être aimé puisse partir dans la dignité.

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