Je ne répondrai plus jamais de rien, Linda Lê. Éditions Stock, janvier 2020, 144 pages.

C’est un long et lancinant soliloque, auquel se livre le personnage de ce récit. Un splendide soliloque.

C’est comme un cri du cœur, comme le hurlement qui survient après la mort d’un être cher. Un hurlement dans lequel se cache tout ce que l’on aurait dû, tout ce que l’on aurait voulu, dire. Comme un cri. Elle essaye de faire son deuil.

C’est la parole, qui arrive. La langue qui se délie. Le langage qui prend forme. C’est un éloge funèbre.

C’est un règlement de compte.

Elle pardonne. À sa mère. Elle avoue. Ses recherches, sa curiosité. Elle dit le secret. Elle imagine la vie. La vie de cette mère. Cette mère un peu différente. Un peu « à côté de la plaque ».

Là, devant nous. Elle tente de clore un chapitre. Non. Pas un chapitre. Une ère. Un pan de vie tout entier. Là, devant nous. Elle essaye de faire le deuil.

Elle se souvient. De ses regards. Ceux de sa mère. Souvent absents. Parfois terrorisés. Elle tente d’analyser. De comprendre. De répondre à la question.

Qui étais-tu, maman ?

Peut-être rêve-t-elle le passé de sa mère. Peut-être lui invente-t-elle une toute autre vie. Enfin, pas une vie. Plutôt un moment. Un moment intense. Que sa fille imagine décisif. Elle essaye de faire son deuil.

Alors elle brode la vie de sa mère. Parce qu’elle n’est plus là pour combler les trous. Pour répondre aux questions. Elle essaye de faire son deuil.

Elle essaye. Mais y arrive-t-on un jour ?

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