La dislocation, Louise Browaeys. Éditions Harper Collins, Collection Traversée, août 2020, 320 pages.

Elle sort de l’hôpital. Elle. L’encéphalogramme de ses souvenirs est plat. Complètement plat. Elle ne se souvient même pas de son nom. Amnésie totale. Les psychiatres – elle les hait de tout son être – disent que la situation est peut-être réversible. Mais peut-être pas. En tous cas, tous s’accordent pour dire que le choc traumatique a dû être d’une intensité colossale pour que les dégâts psychiques soient si importants.

 

Elle. Elle n’a plus rien. Elle est dépossédée de tout. Elle pourrait bien découvrir son nom en le lisant sur sa carte vitale, mais elle veut s’en souvenir seule. C’est son défi personnel. Pour le reste, elle compte sur les quelques personnes qui l’entourent. Il y a K, son ami et ange-gardien ; Wajdi, qui lui fera voir la vie autrement, qui la marquera à jamais. Et puis, il y a Emilie, qu’elle rencontre alors qu’elle a décidé de partir pour la Bretagne. Avec eux, elle va tenter de se reconstruire, de recoller les morceaux et, peut-être, enfin, de retrouver la mémoire.

 

La dislocation est un roman inclassable, je crois. L’atmosphère est particulière, comme ouatée. A l’image des souvenirs de cette femme anonyme, qui tente de se raccrocher à la vie, comme elle peut. Plein d’espoir et d’humanité, ce roman ne manque pas non plus d’humour. Sa singularité ne vous laissera pas indifférent, j’en suis certaine.

Louis Browayes met en avant des personnages atypiques, à la fois hors du temps et hors du commun. Pourtant, en mêlant habilement féminisme, écologie et tragédie, l’auteure signe ici un premier roman plus que jamais ancré dans l’air du temps.

J’ai beaucoup, beaucoup aimé.

Résumé éditeur

Une jeune femme sort de l’hôpital, dépossédée de son identité et de son passé.

Elle voue une haine farouche aux psychiatres, fréquente les magasins de bricolage.

Il lui arrive même de crever les pneus des voitures

Temporairement amnésique, absolument indocile, elle veut repeupler sa mémoire et pour cela, doit enquêter Un homme va l’y aider, sans rien lui souffler Camille, dit K, ami et gardien d’un passé interdit

Le souvenir d’un désert entouré de vitres, une fonction exercée au ministère de l’Agriculture,

une bible restée ouverte au chapitre du Déluge forment un faisceau d’indices de sa vie d’avant Quelques démangeaisons et une irrépressible envie de décortiquer le monde et les êtres qu’elle croise hantent ses jours présents.

Sa rencontre avec Wajdi, envoûtant et révolté, marquera son cœur et son esprit Ce sera avant de gagner la Bretagne et, peut être, de parvenir à combler les énigmes de son histoire prise au piège de l’oubli.

Extrait

« On doit. On doit. On doit. Avant, c’était mieux, on se doigtait. »

•••

« On ne guérit pas de sa non-appartenance au monde. »

•••

« Maman avait aussi écrit : les raisons que l’on a de vivre sont précisément celles qui nous poussent à mourir. Démerdez-vous avez ça. »

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