Presque le silence, Julie Estève. Éditions Stock, janvier 2022, 208 pages.

Cassandre est rousse et frisée. Autant dire qu’elle cumule les tares. Être une enfant, c’est déjà pas facile tous les jours… alors quand t’es rousse, frisée, avec des tâches de rousseurs et que tes « camarades » de classe t’appellent le caniche, c’est l’horreur absolue. Pour couronner le tout, elle est raide dingue de Camille, le beau gosse gosse de l’école que toutes les filles s’arrachent… putain de cheveux et de taches de rousseur ! Un jour, las de subir son présent, elle décide de prendre les choses en mains et d’aller consulter un voyant. Le cartomancien lui révèle alors cinq prophéties qui bouleverseront le cours de sa vie. Les dés sont jetés, le jeu est pipé… peut-on réellement vivre notre vie pleinement lorsque l’on interprète tout en fonction de prédictions ?

Qu’on se le dise, cette histoire aurait pu partir dans tous les sens et ne donner naissance qu’à un énième roman mielleux sur la vie d’une femme qui n’ose la prendre à bras le corps pour l’investir pleinement. Sauf que ce serait bien mal connaître Julie Estève et sa puissance romanesque. Sous sa plume, Cassandre devient le miroir de toute une génération qui voit le monde entier s’effondrer, impuissante face à la force des éléments. Les tourments de son âme parleront à tous, parce que Cassandre traverse la vie comme nous tous, avec son lot de chagrins, de grandes joies, de traumatismes, de moments d’angoisse sans fin et d’amours vertigineux. Scindé en dix chapitres, comme autant de moments-clés de son existence, Presque le silence nous offre une fresque violente et d’une poésie incroyable sur l’urgence de vivre.

Véritable roman d’apprentissage, il met également en exergue l’urgence climatique et écologique à laquelle nous nous devons de faire face… sans quoi, c’est la folie d’un monde qui ne tourne plus rond qui nous guette.

Roman coup de poing, à l’écriture incisive et allégorique. Mon premier coup de foudre de cette rentrée littéraire.

Résumé éditeur

«  Les mots m’étranglent. J’ai mal  : tête, ventre, tout le temps. Je suis un calvaire de treize ans, un mètre cinquante, quarante kilos qui se brisent. Je ne ressemble à rien sinon à une laideur bizarre. Ce n’est pas avec cette gueule-là que je vais pécho Camille Leygues. Il est dans ma classe cette année et il me déteste, comme tout le monde. »
 
Cassandre est rousse, frisée et haïe des autres enfants. On l’appelle le Caniche. Elle aime Camille, un garçon très beau et fou de chevaux. Un jour, elle se rend chez un voyant pour connaître son avenir. Mais la séance tourne mal. Le cartomancien lui révèle cinq prophéties terrifiantes qui ne cesseront, au cours de sa vie, de la hanter.
 
Presque le silence  raconte la vie d’une femme en dix chapitres, de son enfance à sa mort. Une vie qui traverse dix grandes pertes, l’amour fou et les deuils. Une vie mêlée au sort des hommes, des animaux et des arbres où les tourments de l’âme sont les miroirs de l’effondrement du monde.

Un roman d’apprentissage, écologique et tragique, où l’intime déchire l’universel.

Citations

« Ma mère ne danse pas comme une mère. Elle danse et elle est un paysage. Elle danse et plus rien n’existe, les meubles moches, le carrelage pratique, ce putain de chat. Tout son corps fabrique l’évasion. »

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« Camille a gobé le bobard; les enfants n’ont aucun esprit critique. Je n’ai pas insisté auprès de lui parce que je voudrais qu’il m’embrasse avec la langue, et personne n’a envie de rouler une pelle à la vérité. »

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« La mort est un poulpe qui nage dans ma tête. »

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