par Le coin des chroniques | Juil 11, 2020 | avis litteraire, Coup de coeur, roman policier, thriller psychologique
Les cicatrices, Claire Favan. Éditions Harper Collins, mars 2020, 368 pages.
Owen Maker vit dans l’état de Washington. Cependant, s’il aspire à une certaine tranquillité, sa vie quotidienne est un réel enfer. Harcelé par son ex-femme, il est également l’employé de son beau-père. Et ce dernier, secondé par sa femme, ne manque pas de lui exprimer son immense déception quant à cette rupture. Pourtant, sa vie commence à s’éclaircir après sa rencontre avec une jeune flic. Ils filent le parfait amour … jusqu’au jour où l’ADN d’Owen est retrouvé sur une scène de crime.
Voilà, Claire Favan frappe à nouveau. Et comme à chaque fois, je suis bluffée par son talent de mise en scène, sa capacité à créer des atmosphères, des personnages et des récits incroyables. À nouveau, l’auteure brouille les pistes, floute les limites, met mal à l’aise et se joue d’égarer ses lecteurs. Pour mon plus grand bonheur.
La psychologie des personnages est fouillée et fait sens. Ils prennent vie, sous les lignes du récit. Un bon polar, si vous me demandez, c’est une bonne intrigue, certes. Mais ce sont aussi – surtout ? – des personnages profonds, creusés, étudiés. Des personnages qui donnent une dimension supplémentaire au récit.
Claire Favan nous offre ce genre de polar. C’est un roman haletant, sans répit, avec pour ligne conductrice les origines du mal.
Ce livre aborde avec brio des questions – à mon sens – aussi passionnantes que sans fin : naît-on psychopathe, ou le devient-on ? « Le mal » est-il une affaire d’éducation ? Peut-on être conditionné à « aimer tuer » ?
Pas de doute, la plus machiavélique des auteurs, c’est certainement Claire Favan.
Un thriller que je vous recommande mille fois et qui vous déstabilisera, à coup sûr !
Résumé éditeur
Centralia, État de Washington. La vie d’Owen Maker est une pénitence. Pour s’acheter la paix, il a renoncé à toute tentative de rébellion.
En attendant le moment où il pourra se réinventer, cet homme pour ainsi dire ordinaire partage avec son ancienne compagne une maison divisée en deux. Il est l’ex patient, le gendre idéal, le vendeur préféré de son beau-père qui lui a créé un poste sur mesure. Un type docile. Enfin, presque. Car, si Owen a renoncé à toute vie sociale, il résiste sur un point : ni le chantage au suicide de Sally ni les scènes qu’elle lui inflige quotidiennement et qui le désignent comme bourreau aux yeux des autres ne le feront revenir sur sa décision de se séparer d’elle.
Mais, alors qu’une éclaircie venait d’illuminer son existence, Owen est vite ramené à sa juste place. Son ADN a été prélevé sur la scène de crime d’un tueur qui sévit en toute impunité dans la région, et ce depuis des années. La police et le FBI sont sur son dos. L’enfer qu’était son quotidien n’est rien à côté de la tempête qu’il s’apprête à affronter.
Extraits & Citations
« Cette arrestation n’est qu’une putain de goutte d’eau dans l’océan de sa vie de merde, mais quelle goutte ! Celle qui lui donne envie de hurler, de se cogner la tête contre les murs jusqu’à oublier qui il est encore une fois…
Est-ce qu’un mec lambda comme lui, un loser au passé déjà jonché de malheurs, peut vraiment être accusé des crimes d’un autre sans que personne ne s’interpose ? »
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« Tout comme le chanteur, Owen aimerait savoir comment exister dans ce monde, comment inspirer sans avoir mal et croire en quelque chose. Que ce soit en Jenna et lui ou en n’importe quoi d’autre. Là, il ne s’est jamais senti aussi seul et désemparé. »
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par Le coin des chroniques | Avr 24, 2020 | avis litteraire, déception, Grand Prix des Lectrices Elle 2020, roman policier
Dans la gueule de l’ours, James A. McLaughlin. Éditions Rue de l’échiquier, janvier 2020, 448 pages.
Si je devais résumer cette lecture, je dirais qu’elle fut laborieuse. Je ne m’attendais pas du tout à ça et suis restée totalement hermétique à l’histoire et aux pérégrinations de Rice Moore.
Ce roman se trouve à la croisée des chemins entre le nature-writing et le polar, que l’on pourrait même qualifier de polar écologique. Les sujets abordés sont d’ailleurs très intéressants : le braconnage, le commerce illégal d’animaux sauvages et de leurs organes. Tantôt vendus comme médicaments, tantôt comme denrées alimentaires luxueuses.
Les descriptions des paysages sont sublimes. On découvre les Appalaches comme jamais, Rice Moore nous fait planer au milieu de ces étendues sauvages. Quant à la psychologie du personnage principal, elle est très, très fouillée, ce qui est plus qu’appréciable. Cela ne m’a pourtant pas permis de rentrer dans l’histoire de vivre cette chasse incroyable de l’intérieur.
Mise à part la dernière partie du roman, qui nous offre un rythme plus soutenu, plus en adéquation avec un polar – à mon goût, j’ai trouvé le tempo un peu trop lent, voire même, parfois, fastidieux.
Néanmoins, je salue le travail incroyable d’édition et de mise en page. L’objet-livre est magnifique, un véritable régal pour les yeux.
Résumé éditeur
Criminel en cavale, Rice Moore trouve refuge dans une réserve des Appalaches, au fin fond de la Virginie. Employé comme garde forestier, il cherche à se faire oublier du puissant cartel de drogues mexicain qu’il a trahi. Mais la découverte de la carcasse d’un ours abattu vient chambouler son quotidien : s’agit-il d’un acte isolé ou d’un braconnage organisé ? L’affaire prend une tout autre tournure quand de nouveaux ours sont retrouvés morts. Alors que la police ouvre une enquête, Rice décide de faire équipe avec Sara Birkeland, une scientifique qui a occupé le poste de garde forestier avant lui. Ensemble, ils mettent au point un plan pour piéger les coupables. Un plan qui risque bien d’exposer le passé de Rice.
James McLaughlin signe avec Dans la gueule de l’ours un premier roman époustouflant. Au-delà d’une intrigue qui vous hantera longtemps, l’auteur se confronte à des questions essentielles : comment la nature et l’homme se transforment-ils mutuellement ? Quelle est la part d’animalité en chaque être humain ? Un retour à la vie sauvage est-il possible pour l’homme occidental ?
Dans la gueule de l’ours a été classé par le New York Times comme l’un des dix meilleurs «.Crime Fiction.» de l’année 2018 et a reçu le prix Edgar Allan Poe 2019 du premier roman.
Extrait
« Les arbres géants évoquaient des dieux endormis, ils émettaient une vibration qu’il ne parvenait pas à identifier, pas tout à fait celle d’un être sensible, chacun différent des autres, chacun racontant sa propre histoire séculaire. Sur le sol de la forêt, des troncs de châtaigniers morts depuis l’épidémie s’étaient transformés en énormes talus putrescents couverts d’une épaisse couche de mousse qui chuchotait paisiblement. Quelque chose l’interpella, il se retourna face à un tulipier noueux et voûté comme un vieillard, excavé par la pourriture, les éclairs, d’anciens incendies. Il eut la chair de poule. »
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par Le coin des chroniques | Avr 24, 2020 | avis litteraire, Grand Prix des Lectrices Elle 2020, roman policier
La fille sans peau, Mads Peder Nordbo. Éditions Actes Sud, janvier 2020, 384 pages.
Si La fille sans peau est le premier polar de Mads Peder Nordbo, il fait un quasi sans faute avec ce tome inaugural d’une trilogie qui s’annonce glaçante et horrifiante.
Bienvenue à Nuuk, au Groenland. Nous sommes en 2014 quand le corps d’un homme piégé dans la glace est retrouvé. Le lendemain, l’agent en faction auprès du cadavre est retrouvé nu et éviscéré, ce qui n’est pas sans rappeler une effroyable série de meurtres – jamais élucidés – ayant eu lieu à Nuuk, en 1973.
Ainsi, Matthew Cave, journaliste danois basé à Nuuk décide de se plonger dans cette affaire vieille de presque quarante ans, mettant ainsi à jour le sordide destin de plusieurs fillettes de la communauté. Néanmoins, fouiller dans le passé de cette île s’avère rapidement dangereux et pourrait lui être fatal … il faut dire que certaines personnalités du coin semblent avoir tout intérêt à ce que cette affaire reste ensevelie sous une couche de glace pendant très, très longtemps.
Le récit alterne entre l’enquête de Matthew Cave – en 2014 – et celle de Jakob – en 1973 – et fait la part belle aux paysages sauvages et hostiles du Groenland. J’ai particulièrement apprécié la description des glaciers, perçus à la fois comme majestueux et dangereux. Une nature captivante, ensorcelante presque. Mais qui peut s’avérer maléfique et redoutable. À l’image de l’être humain.
L’auteur y glisse également quelques notions concernant les rituels inuit, leur culture et mode de vie. J’ai d’ailleurs énormément apprécié d’en apprendre davantage sur ce peuple pour lequel, je l’avoue, j’ignore presque absolument tout.
Mads Peder Nordbo signe ici un premier polar glaçant et intronise ainsi une trilogie plutôt prometteuse… Un auteur que je retrouverai avec plaisir, donc, à la sortie du deuxième tome des aventures de Matthew Cave.
Une très belle découverte.
Résumé éditeur
Nuuk, Groenland, 2014. Une découverte sensationnelle fait frémir la petite communauté : le corps d’un Viking est extrait de la glace, en parfait état de conservation. Mais le lendemain, le cadavre a disparu et on retrouve l’agent de police qui montait la garde nu et éviscéré comme un phoque. L’épouvantable procédé résonne funestement avec des affaires de meurtres non élucidées datant de plus de quarante ans.
Le journaliste danois Matthew Cave s’immerge dans ces cold cases, révélant le destin terrible de tant de fillettes de la communauté. Mais sa quête menace clairement les intérêts malsains de certaines personnalités importantes de l’île, et il comprend assez vite que sa curiosité risque de s’avérer fatale. Étrangement, la seule à qui il ose faire confiance est une jeune chasseuse de phoques groenlandaise récemment libérée de prison.
La Fille sans peau nous plonge dans un monde fascinant et hostile recouvert d’une couche de glace vieille de plus de cent mille ans, dont la beauté envoûtante cache une nature imprévisible et souvent meurtrière. Un arctic noir viscéral et addictif qui ne laissera personne indifférent.
Extrait
« Ce qu’il était venu chercher à Nuuk entre les fantômes de son père, de Tine et d’Émily, c’était peut-être ça. Une façon de rompre avec tout, de se frayer un chemin à travers les débris de sa vie… Quelque chose de nouveau. Une lueur de vie. Une énergie retrouvée. »
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par Le coin des chroniques | Déc 12, 2019 | avis litteraire, déception, Grand Prix des Lectrices Elle 2020, Rentrée Littéraire 2019, roman policier
Notre part de cruauté, Araminta Hall. Éditions Préludes, septembre 2019, 448 pages.
L’ambiance est frigorifique, dès le départ. Rapidement, un certain malaise s’installe. Les limites sont floues, les personnages déstabilisants et, toujours, ce petit je-ne-sais-quoi qui dérange. Les premières pages ne laissent aucun doute : il s’agit bien d’un thriller psychologique.
L’auteure plonge son lecteur dans le vif du sujet, sans ambages : nous voilà immergé dans la tête de Mike, trentenaire, riche et séduisant homme d’affaires de la City. En couple avec Verity depuis quelques années, ce jeune homme bien sous tous rapport a pourtant eu un début de vie difficile : abandonné par son père et laissé seul auprès de sa mère alcoolique, elle-même dans l’incapacité de s’occuper de son fils, Mike finira par être recueilli par une famille aimante et stable, qui lui offrira la possibilité de faire de brillantes études.
Seulement, malgré une famille aimante, le traumatisme de l’enfance est toujours présent… et rapidement, le lecteur comprend que Mike, bien que « bon parti », a quelques difficultés avec le lâcher-prise.
Tout commence alors que Mike accepte un poste de plusieurs années à New-York. Il est jeune et, cette opportunité, c’est la promesse d’une évolution de carrière fulgurante. Après New-York, toutes les portes s’ouvriront. Seulement, à NYC, Mike – après une soirée un peu trop arrosée – trompe Verity. Il lui dit, et Verity le quitte. Mike repart à New-York et revient s’installer définitivement à Londres quelques mois plus tard. Secrètement, il espère que Verity l’attend, qu’elle lui aura pardonné cette incartade. Quelle n’est pas sa surprise, donc, lorsqu’il découvre que Verity va se marier ! Rapidement, Mike se persuade qu’il s’agit d’un nouveau genre de jeu entre elle et lui : Verity va se marier pour le faire souffrir, parce que ça fait partie de leur jeu. Il épie les moindres faits et gestes de sa dulcinée, déterminé à venir la sauver au moindre signe. Seulement voilà, le jeu en est-il véritablement un ? Qui manipule l’autre ?
J’ai été, très honnêtement, bluffée par la capacité de l’auteure à me mettre mal à l’aise. Par rapport à l’ambiance, tout d’abord. Puis, par rapport à Mike, personnage que j’ai détesté, haïs même, au plus haut point. La psychologie des personnages est fouillée, le rythme est soutenu et l’ambiance pesante… trois ingrédients indispensables, selon moi, pour un thriller psychologique réussi.
Ce polar aurait pu être, à mon sens, un coup de maître. Néanmoins, la fin m’a laissé sur ma faim… et c’est le moins que l’on puisse dire. Si j’entends ce que l’auteure a voulu démontrer avec une telle chute, je suis, pour ma part, passée complètement à côté et de l’histoire, et de son message – pourtant cher à mon cœur de féministe.
par Le coin des chroniques | Sep 1, 2019 | avis litteraire, déception, Grand Prix des Lectrices Elle 2020, Rentrée Littéraire 2019, roman policier
Le couteau, Jo Nesbo. Éditions Gallimard , 15 août 2019, 608 pages.
HISTOIRE D’UNE DÉCEPTION
Le Grand Prix des Lectrices Elle 2020 est officiellement lancée depuis quelques semaines et les romans sélectionnés pour le mois de septembre sont arrivés. Mon premier choix s’est porté sur « Le couteau ». J’avais enchaîné les œuvres de littérature blanche et j’avais besoin de changement. C’était ma première rencontre avec l’auteur.
Très honnêtement, je me suis ennuyée. Profondément. L’enquête imaginée par l’auteur ? Du réchauffé ! On a vu ça plein de fois déjà. Dès le départ, on comprend les ficelles, on devine que « l’habit ne fait pas le moine » ! Alors, oui, effectivement, je ne m’attendais pas à ce que le responsable de l’effroyable meurtre de l’ex d’Harry Hole soit celui-ci. Mais pour tout le reste, c’est sans surprise.
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par Le coin des chroniques | Juil 24, 2019 | avis litteraire, roman policier
Amour entre adultes, Anna Ekberg. Éditions du Cherche-Midi, 2 mai 2019, 379 pages.
Un thriller psychologique étonnant et captivant.
C’est une histoire de point de vue, de jeux de miroirs et de regard. Et de là, découle une histoire d’interprétation, d’égo, de manipulation, de chantage et de désolation.
(suite…)