
Une arche de lumière, Dermot Bolger. Éditions Joëlle Losfeld, janvier 2022, 464 pages.
C’est avec ce magnifique roman que je découvre la plume saisissante de Dermot Bolger qui nous conte la vie de Sheila Fitzgerald, amie de l’auteur, décédée il y a quelques années. Entre les pages, Sheila devient Eva. Lasse de sa vie bien rangée de femme mariée, elle décide un jour de quitter son époux pour enfin accéder pleinement au bonheur auquel elle aspire tant. Une vie en toute simplicité, au plus proche de la nature, exempte de tout surplus inutile et futile.
Parce qu’Eva est avant tout une passionnée à la recherche de son bonheur qui n’aura eu de cesse, toute sa vie, de se répéter la maxime énoncée par sa mère le jour de son mariage : « Quoi que la vie te réserve, promets-moi de te battre bec et ongle pour le droit au bonheur. » Pour parvenir à ce bonheur, elle quittera sa vie dorée et bien rangée dans sa demeure cossue en Irlande et se rendra en Angleterre, en Espagne, au Maroc ou encore au Kenya. Pour le droit au bonheur, toujours.
Au cœur de ce récit, à l’écriture exigeante, se cache la vie d’une femme prête à tout pour vivre sa vie comme elle l’entend. La vie qu’elle veut pour elle-même et non celle que la société catholique irlandaise voudrait lui imposer. Au fil des ans, elle se délestera de tout ce qu’elle n’estimera pas nécessaire, pour finir dans sa roulotte, baptisée « l’arche » par sa petite-fille. Au sein de sa dernière demeure, elle accueillera, tour à tour, des poètes, des aventuriers et des rêveurs. Alors que sa vie familiale n’aura été qu’une succession de malheurs et de pertes, elle se raccroche à ses amis, ceux de toujours ou de passage, pour donner un sens à son existence. En toute simplicité, sans fard, mais avec beaucoup de douceur. Parce que, finalement, c’est ça, le bonheur.
Voilà une pépite littéraire à savourer sans attendre.
Je n’ai qu’une hâte désormais : découvrir toute l’œuvre littéraire de cet incroyable auteur.
Traduit de l’anglais (Irlande) par Marie-Hélène Dumas
Résumé éditeur
En Irlande, à l’aube des années 1950, Eva Fitzgerald fuit les terres familiales et sa prison domestique pour s’engager dans une longue et singulière traversée. De la vie de bohème à Dublin aux étendues ardentes du Kenya colonial, en passant par le Maroc et ses rues animées, les drames qui jalonneront son voyage ne cesseront pourtant de la ramener vers les siens : un fils homosexuel, qu’il faudra protéger de la cruauté du monde, une fille qu’elle verra emprunter, comme elle, les voies de plus en plus étriquées du mariage. Jusqu’à cette « arche de lumière » – une caravane blottie en pleine nature où elle trouvera refuge en compagnie d’un chien et de quelques fantômes du passé…
Véritable odyssée, Une arche de lumière explore un dilemme cornélien : celui d’une femme indéfectiblement liée à sa famille mais prête à tout pour accomplir ses désirs d’indépendance et son droit au bonheur. En renouant ici avec l’un des membres de la famille Goold Verschoyle, découverte dans Toute la famille sur la jetée du Paradis, Dermot Bolger dresse le portrait intime d’une héroïne au destin assurément romanesque.
Citations
« Aujourd’hui, j’ai rêvé que j’étais de retour dans l’Arche, ma petite caravane bercée par les vagues du vent. Une odeur de tourbe se dégageait encore du poêle en fer où j’avais grillé du pain sur l’antique fourchette que mes doigts gourds pouvaient à peine tenir. Le lanterneau entrouvert laissait la voie libre aux mystérieuses expéditions nocturnes de mes trois chats, mais Johnny, mon colley – aux os presque aussi arthritiques que les miens-, était heureux de dormir à côté de moi, lové sur les coussins. »
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« Dans une société où la créativité était considérée comme déviante et l’expression personnelle vue d’un mauvais oeil, elle voulait offrir un sanctuaire où l’imagination des enfants aurait droit à une liberté débridée. »
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Excellent article ! Merci beaucoup pour ces infos précieuses ! 🙂